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The Beatles

Sergent Pepers Lonely Heart Club Band

par Daniel Fohr

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Sergent Pepper est le 8ème album des Beatles dans une discographie originale (anglaise) qui en compte 12, comme les huitres et les apôtres. En 67 je suivais l’actualité musicale de mes frères aînés plutôt que celle de mes camarades de classe tournés vers la chanson française. Donc ils ont ramené le disque à la maison. Et on peut parler d’émotion : la pochette de Sergent Pepper (Peter Blake) est en disque ce que le Jardin des délices de Jérôme Bosch est au poster. Ce sont des mondes qu’on revisite sans ennui. Le nombre d’heures que j’ai passées à décrypter cette pochette est sans doute l’une des causes de mon 1/20 en maths au bac.

Sergent Pepper est une plongée dans le vingtième siècle et ses influenceurs d’alors, avec un peu de dix-neuvième aussi, de Bob Dylan à Marx, d’Edgar Poe à Marylin Monroe, Stockhausen, Freud, en passant par WC Fields, Sonny Liston, Tony Curtis et plein d’autres, comme Mae West à qui il a fallu écrire pour avoir son accord, et même les Beatles confrontés à une image datées et cireuse d’eux mêmes à l’époque où ils s’habillaient pareils. Avec Sergent Pepper, les Beatles se réinventaient en un autre groupe, se transformaient en fanfare, initiateurs d’une stratégie du changement reprise plus tard par Bowie. Le ciel est bleu, il y a des palmiers, c’est magnifique.

Passée l’émotion, la connaissance constitue une deuxième jouissance. Par exemple savoir que Jésus et Hitler devaient figurer sur l’album. Hitler c’était une idée de Lennon, évidemment. Même si le disque c’est surtout Mc Cartney. Hitler, la production n’a pas voulu et elle a gagné (on peut trouver la pochette avec Hitler sur internet), et puis Jésus, bof, ouais, non… Et bien sûr, la preuve que Paul Mc Cartney était bien mort à l’époque comme l’atteste le macaron noir qu’il porte avec OPD écrit dessus (le D c’est pas évident) Officially Pronounced Dead  et le fait qu’il soit de dos sur la quatrième. En passant, je trouve que depuis, son sosie s’est vraiment très bien débrouillé, mieux que celui de Saddam Hussein.

Mais pour en revenir à l’émotion, le coup ça a été quand juste après m’être aperçu que les Rolling Stones étaient eux aussi sur la pochette sous forme d’un Welcome to the Rolling Stones écrit sur la poupée en bas à droite, j’ai découvert les visages des Beatles cachés sur la pochette de Satanic Majesties Request, sorte de réponse à Sergent Pepper, et c’était comme un prolongement de l’histoire, de l’émotion encore. Les deux groupes que j’aimais s’aimaient. C’était super…

Tout allait bien quand juste après, au cœur de l’automne 68, le big bang : l’album blanc (numéroté). Passer de la luxuriance de Sergent Pepper à l’essentialité de l’album blanc a été pour moi un choc, la première confrontation à une démarche qui relevait de l’art contemporain. Les Beatles sautaient de Bosch à Malevitch. Le groupe devenait un non-groupe dans cette absence de signes de reconnaissance et le double album blanc  proposait un catalogue de genres et d’idées musicales impressionnant pour tous les groupes à venir en manque d’inspiration.

Daniel Fohr est l’auteur de cinq romans dont L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs.

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