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The Stranglers

IV (Rattus Norvegicus)

Gilles de Kerdrel

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Que fait cette pochette au milieu de toutes les autres, étalées sur la moquette de la chambre de mon grand frère? Et moi, qu’est ce que je fais là, en cette année 1978, année de mes 14 ans, avachi au milieu de cette bande vieux babas d’au moins 18 ans?

Je fais semblant d’aimer ce qu’ils écoutent : Yes, Gong, Mahavishnu Orchestra, Weather Report’… Et tandis que je m’approche de cette pochette qui, je le sent, va m’emporter dans un autre monde, je n’entend déjà plus mon frère qui tente de me retenir: « Laisse tomber c’est qu’un groupe de punks… ».

IV (Rattus Norvegicus) : 1er album des Stranglers, des punks qui ne l’ont jamais été parce que trop vieux et qu’ils avaient un clavier, mais qui à l’instar de Dr Feelgood ou de Motorhead, ont profité du Summer of Hate pour sortir la tête de l’eau, ou des égouts en ce qui concerne les Etrangleurs (enfin un nom de groupe qui claque!) : Rattus Norvegicus, c’est aussi le nom de ce rat qui court depuis le dos de la pochette pour se glisser sur les deux vignettes du disque, jusqu’à vous trainer dans son repaire pour une dernière morsure, « Down in The Sewer ».

Le rat sera longtemps l’emblème des Stranglers même s’il y en aura d’autres, aussi glauques et interlopes comme le prophétise la photo à l’intérieur : Hugh Cornwell tenant une poupée par la main (« Bring on the nubiles »), le « Meninblack » qui regarde par la fenêtre, Dave Greenfield un chat sur ses genoux (« Féline »). Manquent « The Raven » et « la Folie », mais ils ne sont sûrement pas loin tant l’ambiance confine à une sauvagerie prête à vous sauter au cou.

Une dernière découverte (ou révélation) se cachait dans un dernier détail de la pochette : Le nom du bassiste, Jean- Jacques Burnel. On pouvait donc être français et jouer dans un groupe punk anglais ! Rouler en Triumph Bonneville, être ceinture noire de karaté, lire Mishima, s’autoproclamer « Euroman », et attacher les journalistes avec du gros scotch autour d’un des piliers de la Tour Effel…

Pendant longtemps je me suis rêvé d’être tout ça moi aussi.

Finalement, j’ai longtemps roulé en XT 500, été ceinture marron de Karaté Shotokan et bassiste au sein de plusieurs groupes. Mais je n’ai jamais pu scotcher de journaliste autour d’un des piliers de la Tour Eiffel.

See you in the sewer, brother…

Gilles de Kerdrel est concepteur-rédacteur, auteur, et créateur d’Ecoutons Nos Pochettes.

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